Comprendre > Concepts fondamentaux > Mécanique céleste I
Les lois de Kepler ne découlent que de l'observation du mouvement des astres : elles ne représentent qu'une description cinématique de ce mouvement sans faire d'hypothèses sur la nature des forces en jeu. Kepler (1571-1630) est le disciple de Tycho Brahe (1546-1601) auquel il succède comme astronome de l'empereur d'Allemagne Rodolphe II. Tycho Brahe est principalement un observateur de positions précises mais s'il effectue de très bonnes observations, en revanche, il n'est pas convaincu par les théories héliocentriques de Copernic (1473-1543). Il pense toujours que la Terre est au centre du système solaire. Kepler va utiliser les observations de Tycho Brahe pour énoncer ses lois. Kepler est convaincu que Copernic a raison, ce qui sera définitivement démontré par Galilée (1564-1642) en 1610 grâce à l'utilisation d'une lunette astronomique et à l'observation des satellites de Jupiter.
Kepler énonce ses deux premières lois en 1609 :
-chaque planète décrit, dans le sens direct,
une ellipse dont le Soleil occupe l'un des foyers.
Jusqu'alors, on n'avait considéré que le cercle
comme trajectoire possible des corps céleste. Ce sont les observations
précises de Tycho Brahe qui ont permis de revenir sur ce
postulat. L'ellipticité des orbites des planètes est très
faible. La différence entre le cercle et l'orbite de la Terre est
infime : si on veut la représenter sur une feuille de papier, la
différence entre le cercle et l'ellipse tient dans l'épaisseur
du trait de crayon ! Heureusement le Soleil n'est pas au centre de l'ellipse,
mais au foyer qui est décentré.
-les aires décrites par le rayon vecteur planète-Soleil
sont proportionnelles aux temps employés pour les décrire.
La signification de cette loi est claire : les planètes ne tournent
pas avec une vitesse uniforme : elles vont plus vite quand elles sont près
du Soleil et plus lentement quand elles en sont loin. Cela est particulièrement
observable pour les comètes dont les orbites sont, contrairement
à celles des planètes, très excentriques (très allongées).
Kepler énonce sa troisième loi en 1619 :
-le cube du demi grand axe a d'une orbite d'une
planète, divisé par le carré de la période
de révolution T (sidérale) est une constante pour toutes
les planètes du système solaire.
C'est-à-dire :
a3/T2 = constante ou bien
n2 a3 = constante (n étant le moyen
mouvement = 2π/T)
Cette loi relie les planètes entre elles. En fait, cette loi provient
de la masse prépondérante du Soleil dans le système solaire.
On verra que la loi de la gravitation engendre une force proportionnelle aux
masses en jeu. Dans le cas du système solaire, les masses des planètes
sont négligeables devant celle du Soleil et la constante ci-dessus est
le produit de la masse solaire et de la constante de la gravitation.
Kepler ne pouvait pas démontrer ses lois : il lui manquait les principes fondamentaux de la mécanique ainsi que la loi de Newton, c'est-à-dire les fondements de la dynamique, qui, appliqués aux astres, forment la mécanique céleste. Kepler introduit la notion de trajectoire elliptique qui va complètement modifier la modélisation du système solaire.
Pour définir une trajectoire elliptique, on a besoin de six paramètres :
-le demi-grand axe a
-l'excentricité e telle que e2=(a2-b2)/a2
où b est le demi-petit axe. On a : OF= a e .
-l'inclinaison i sur un plan de référence (équateur ou écliptique)
-la longitude du noeud ascendant sur le plan de référence
-la longitude du périastre (point de la trajectoire le plus
proche du corps central) comptée à partir du noeud ascendant
ou d'une direction fixe (équinoxe)
-l'instant de passage du corps au périastre t0
ou l'anomalie moyenne M=n(t-t0) où n=2π/T
avec T période de révolution définie par la
3ème loi de Kepler (qui dit que n2
a3 est une constante connue).
Les lois de Kepler nous fournissent un modèle extrêmement puissant pour déterminer les distances dans le système solaire. Nous avons vu que l'observation simple des corps du système solaire ne nous permet d'obtenir que la distance Terre-Lune. La distance Terre-Soleil est trop grande pour la mesurer avec précision à l'aide de la parallaxe. Les lois de Kepler vont nous aider. Comme nous venons de le voir, le moyen mouvement n (=2π/T) et le demi-grand axe sont liés : donc si on connaît une distance dans le système solaire, on connaît toutes les autres comme le montre le shéma suivant.
Historiquement, la première distance mesurée dans le système solaire ne fut pas la distance Terre-Soleil. Pour cette détermination, on mesura la distance Terre-Mars. La première observation de cette distance eut lieu en 1672 lors du passage proche de Mars, puis ce fut la distance Terre-Vénus lors des passages de Vénus devant le Soleil où l'effet de parallaxe est particulièrement visible pour deux observateurs éloignés.
Vers 1930, on a mesuré la distance Terre-Eros (astéroïde passant au plus près de la Terre). Aujourd'hui, on réalise des tirs radar sur Mars, Vénus, Mercure qui donnent la distance avec précision. On en déduit alors toutes les distances des planètes en observant leur demi-grand axe en unités angulaires et leur période. On se définit comme unité de distance le demi-grand axe d'un corps dont la période est 365,2568983263 jours. C'est presque la Terre, mais pas vraiment car l'unité de distance dans le système solaire ne doit pas dépendre des améliorations de la théorie du mouvement de la Terre.
Crédit : J.E. ArlotIMCCE