Réduire la taille du texte du contenu Aggrandir la taille du texte du contenu Imprimer cette page English

Comprendre > IMCCE-BDL I

Historique de l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides 

(IMCCE)

et du Bureau des longitudes (BDL)



Durant deux siècles, le Bureau des longitudes a marqué la science astronomique de son empreinte. Il a été à l'origine de nombreuses initiatives. Aujourd'hui, son service des calculs et de mécanique céleste devenu l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides est un laboratoire de recherche ayant une audience internationale. Le Bureau des longitudes comportait à l'origine dix membres et cinq adjoints et avait pour but de faire progresser la précision de la détermination de la longitude en mer. Il a aujourd'hui la forme d'une académie de quarante-sept membres et correspondants, associée à un laboratoire de recherche moderne en astronomie, l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides, organisme officiel de calculs et de diffusion de données vers le public, et qui comporte environ 50 personnes, enseignants-chercheurs, ingénieurs, techniciens et étudiants en thèse. 

En 1995, le Bureau des longitudes a célébré son bicentenaire et cela a été l'occasion de faire connaître ses activités passées et présentes au public. En 1998, son service des calculs est devenu un institut autonome doté d'un nouveau statut fixé par décret du 2 juin 1998 adapté à son fonctionnement. Les lignes ci-dessous retracent l'histoire du Bureau des longitudes et de son Service des calculs, aujourd'hui Institut de mécanique céleste.



1. Fondation du Bureau des longitudes


Le Bureau des longitudes a été créé par une loi (toujours en vigueur) de la Convention Nationale du 7 messidor an III (25 juin 1795) après audition d'un rapport établi conjointement par le Comité de Marine, le Comité des Finances et le Comité d'Instruction Publique. Ce rapport, lu par l'abbé Grégoire, affirme très clairement les buts pratiques de l'opération : reprendre la maîtrise des mers aux anglais, grâce à l'amélioration de la détermination des longitudes en mer (les latitudes se déterminent facilement) qui ne peut se faire que par l'observation astronomique et l'utilisation d'horloges fiables. (Voir le texte de la loi et du rapport de l'abbé Grégoire). 

Cet organisme nouveau devait donc, à l'imitation du Board of longitudes anglais créé en 1714, résoudre les problèmes astronomiques que pose la détermination de la longitude, d'où son nom. Mais les attributions du Bureau des longitudes allaient bien au-delà puisqu'il fut chargé de la rédaction de la Connaissance des Temps, publication annuelle créée en 1679 et de la rédaction d'un annuaire "propre à régler ceux de la République", l'Annuaire du Bureau des longitudes qu'il devait présenter chaque année au Corps Législatif. D'une manière générale, le Bureau des longitudes fut chargé du perfectionnemment des tables astronomiques. Il eut dans son attribution l'observatoire de Paris, celui de l'École Militaire et tous les instruments d'astronomie qui appartiennent à la nation. Le Bureau des longitudes dut faire un inventaire des observatoires et rendre compte annuellement de ses travaux dans une séance publique. Un des membres du Bureau devait également faire chaque année un cours d'astronomie. 

Les premiers membres, au nombre de dix, furent : Lagrange et Laplace, "géomètres", brillants représentants de l'Ecole française de mécanique céleste du XVIIIme siècle ; les célèbres astronomes Lalande, Delambre, Méchain et Cassini ; Bougainville, célèbre navigateur qui, porté disparu lors de son voyage en Inde pour l'observation du passage de Vénus, fut remplacé puis réintégré à son retour ; Borda, qui effectua des travaux liés à la mécanique des fluides et précuseur de Carnot du fait de ses vues sur la thermodynamique; Buache, géographe ; Caroché, constructeur de télescopes. Ces premiers membres furent désignés par la loi, à charge pour eux "de nommer aux places vacantes en leur sein". Les membres du Bureau des longitudes se réunirent tout d'abord dans une salle du Petit-Luxembourg puis au Louvre jusqu'au 29 nivôse an XII (20 janvier 1804), à l'Observatoire jusqu'en 1874 et au Palais de l'Institut ensuite, où ils se réunissent toujours. 

 
Fac-simile des signatures des premiers membres du Bureau des longitudes


2. Évolution et travaux du Bureau des longitudes 


La composition et les attributions du Bureau des longitudes ont été modifiées par divers décrets. Notons tout d'abord la création de son Service des calculs en 1802 composé alors de 7 personnes travaillant sous les ordres d'un membre du Bureau chargé des éphémérides. Le décret du 30 janvier 1854 modifia profondément ses attributions : une commission composée de l'amiral Baudin, de Le Verrier et Biot respectivement président et membres du Bureau des longitudes, et du maréchal Vaillant proposa d'améliorer le fonctionnement de l'observatoire de Paris en nommant à sa tête un directeur permanent et en lui donnant donc son indépendance. Le décret entérina cette conclusion séparant désormais les deux organismes et redéfinit les tâches du Bureau des longitudes. Outre la rédaction et la publication de la Connaissance des Temps et de l'Annuaire, le Bureau fut "appelé à porter et à provoquer des idées de progrès dans toutes les parties de la science astronomique et de l'art d'observer" et aussi à donner son avis sur les questions concernant les observations et sur les missions scientifiques confiées aux navigateurs chargés d'expéditions lointaines". De nombreux travaux furent publiés sous les auspices du Bureau des longitudes : tables du Soleil de Delambre, tables de la Lune de Burckardt et Damoiseau, tables des planètes de Bouvard, tables des satellites de Jupiter de Laplace, etc... 

Depuis le décret du 30 janvier 1970, le Bureau des longitudes comporte treize membres titulaires, des membres en service extraordinaire et trente-deux correspondants. Ces membres et correspondants sont principalement des astronomes ou des géophysiciens. Ils exercent plutôt aujourd'hui leurs activités dans les divers organismes auxquels ils appartiennent. Depuis le décret du 2 juin 1998, les activités propres du Bureau des longitudes sont confiées à l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) transformé par rapport à l'origine. 



3. Transformation du Service des calculs


En 1961 le Service des calculs fut profondément transformé à l'initiative de André Danjon alors directeur de l'observatoire de Paris et membre du Bureau des longitudes. Ce service devenait le Service des calculs et de mécanique céleste, spécialisé dans la recherche dans le domaine de l'astronomie fondamentale et de la mécanique céleste. Cette transformation était justifiée par l'importance nouvelle que prenaient ces branches de l'astronomie grâce à l'apparition des ordinateurs et de la recherche spatiale. Le service restait sous la tutelle du Bureau des longitudes mais était désormais dirigé par un chef de service, puis par un directeur. Au personnel technicien dont il était composé auparavant furent ajoutés des chercheurs et des ingénieurs. 
En 1979, le service des calculs devient un laboratoire associéau CNRS. 
En 1998, le service des calculs a été doté d'un nouveau statut en devenant l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMC) par décret du 2 juin 1998. Il a obtenu le statut d'un institut dit "de l"article 33 de la loi sur les universités" sous la tutelle administrative de l'Observatoire de Paris mais chargé par le décret des missions du Bureau des longitudes. Il comporte aujourd'hui environ vingt chercheurs appartenant à divers cadres (cadre des astronomes, CNRS, enseignement supérieur), autant d'ingénieurs et techniciens et une dizaine d'étudiants en thèse ou post-doc. 

 
Le premier ordinateur du Bureau des longitudes: Bull Gamma 30S




4. Le Bureau des longitudes et l'IMCCE : 


C'est maintenant l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) qui publie les éphémérides du Bureau des longitudes avec la rigueur que lui garantissent ses équipes de recherche. 

Le Bureau des longitudes et l'IMCCE continuent ainsi de publier les éphémérides traditionnelles : Connaissance des Temps, Annuaire du Bureau des longitudes-Ephémérides astronomiques, Ephémérides nautiques, Ephémérides aéronautiques. De plus, entre 1977 et 1988, sont parues sous le nom d'Encyclopédie scientifique de l'univers, des volumes concernant "La Terre, les eaux, l'atmosphère" (2 éditions en 1977 et 1984); "Les étoiles, le système solaire" (2 éditions en 1979 et 1986); "La galaxie, l'univers extragalactique" (2 éditions en 1980 et 1988); "La Physique " (1981). En 1991, la collection des "cahiers des sciences de l'univers" a été lancée et plusieurs cahiers sont déjà parus. L'IMCCE édite également plusieurs suppléments à la Connaissance des Temps et a publié un ouvrage historique sur le calendrier républicain puis en 1997 un ouvrage d'astronomie fondamentale, l'Introduction aux éphémérides astronomiques - supplément explicatif à la Connaissance des Temps. En 1999, l'IMCCE publie un ouvrage de référence sur les éclipses de Soleil à l'occasion de l'éclipse totale de Soleil d'août 1999 et en 2004, un ouvrage sur le passage de Vénus devant le Soleil. 

L'Institut de mécanique céleste diffuse également les éphémérides par Internet sur www.imcce.fr. Il dispose aussi d'un service de renseignements pour le public dont l'adresse par courriel est scar.imcce@obspm.fr. 

Notons enfin que le Bureau des longitudes a participé à la création du GRGS (Groupe de Recherche en Géodésie Spatiale) avec l'observatoire de Paris, l'IGN et le CNES. Cet organisme contribue à de nouveaux développements scientifiques majeurs en géodésie, gravimétrie, physique du globe et océanographie grâce aux données recueillies par les nombreux satellites d'observation de la Terre et, depuis quelques années, par les satellites-sondeurs - et notamment le plus récent d'entre eux le satellite franco-américain "Topex-Posidon". Ces nouvelles études en plein développement sont coordonnées internationalement, notamment par l'Union Astronomique Internationale, l'Union Géodésique et Géophysique Internationale, le Comité de Recherche Spatiale (COSPAR) etc...