Comprendre > Histoire > Observatoire de Paris II
Dès l'invention de la lunette astronomique par Galilée en 1609, le ciel s'était révélé d'une richesse insoupçonnée : relief de la Lune, phases de Vénus, taches du Soleil, tout ceci bouleversait les notions que l'on avait alors sur l'univers, et engageait à perfectionner l'instrumentation en vue d'autres découvertes.
L'astronomie n'est pas seulement contemplative ; depuis l'Antiquité, elle contribue à la géographie. C'est grâce à ses déterminations de latitude faites à l'oeil nu, que s'élaboraient les cartes (les longitudes, pour lesquelles elle n'intervenait pas encore, restaient mal connues). Or la lunette va bientôt être équipée de dispositifs permettant des visées précises ; l'invention du pendule régulateur par Huygens, en 1657, permettra de construire de bonnes horloges. L'astronome est alors prêt à fournir les latitudes et les longitudes des lieux avec l'exactitude que souhaitent les marins, les militaires, les voyageurs : il ne manque que les moyens de réaliser les instruments convenables et d'instruire le personnel nécessaire.
Dans le même temps se produisent des mouvements d'idées entraînant une réforme des esprits ; la science scolastique, figée, recule au profit de ce qui deviendra la science moderne. Un peu partout en Europe on forme des Sociétés et des Académies, où l'on ébauche des recherches collectives. En France ces efforts avortent, les "discouvreurs" l'emportant vite sur les "expérimentateurs" ; ces derniers vont alors solliciter l'intervention de l'État, d'autant qu'ils ont besoin d'un appui financier important.
C'est l'ensemble de ces circonstances qui conduit quelques membres de la communauté scientifique, en 1665, à élaborer le projet d'une "Compagnie des sciences et des arts", motivé et détaillé, cependant que l'un d'entre eux, le physicien et astronome Auzout, expose dans une dédicace au Roi le pressant besoin (<<Il y va, Sire, de la Gloire de Votre Majesté...>>) de l'établissement d'un observatoire astronomique.
Louis XIV et Colbert vont satisfaire ces voeux dans le cadre d'un même plan : l'Académie royale des sciences tient sa première séance le 22 décembre 1666 et pour créer l'Observatoire royal, un terrain est acheté dès le 7 mars 1667. Les deux créations sont liées, l'observatoire étant alors destiné à servir de centre de travail pour les académiciens (salles des séances, laboratoires) aussi bien qu'à abriter les instruments concus pour les observations astronomiques.
Le 21 juin 1667, jour du solstice d'été, les mathématiciens de l'Académie tracent sur le terrain, à l'emplacement actuel du bâtiment, le méridien et les autres directions nécessaires à l'implantation exacte de l'édifice ; le plan médian de celui-ci définira désormais le méridien de Paris, ou méridien origine pour la France.
L'Observatoire ne sera pas ce centre de recherches national qu'avait imaginé Colbert. En dehors d'un Cabinet des machines qui servira de dépôt à l'Académie des sciences jusque vers 1740, il sera consacré entièrement à l'activité astronomique, dès ses débuts : les académiciens ne manifestèrent aucun désir de travailler ou de se réunir en un lieu aussi éloigné du centre du Paris de l'époque.
Crédit : Suzanne Débarbat, S. Grillot, J. Lévy/observatoire de Paris