Encyclopédie > Système solaire > Planète
L'Union Astronomique Internationale (UAI) a tenu sa XXVIème assemblée générale à Prague du 14 au 25 août 2006 et y a discuté du problème de la définition des planètes. Depuis 1992 de nombreux corps célestes orbitant autour du Soleil au-delà de Neptune ont été découverts. En raison de ses caractéristiques physiques et orbitales, Pluton s'apparente à ces objets dits transneptuniens, (ou objets de Kuiper). La découverte en 2003 d'un objet transneptunien plus gros que Pluton (2003 UB313) avait posé le problème de la définition de ce qu'est une "planète". Si Pluton est une planète, 2003 UB313 en est une aussi...
Les débats ont été animés. Se sont notamment opposés les partisans d'une définition "physique" (une planète est un corps sphérique en équilibre hydrostatique - ce qui montait à douze le nombre de planètes dans le système solaire -) et les partisans d'une définition dynamique (une planète est un corps gravitationnellement dominant dans sa zone, son orbite étant quasi circulaire dans un plan proche de l'écliptique - ce qui redescendait à huit le nombre des planètes -).
Le texte de la résolution adoptée (voir ci-dessous) est un compromis qui décrit également les différentes classes d'objets autres que les planètes en modifiant les règles du passé. Le terme "petites planètes" disparaît au profit de deux catégories : les "planètes naines", qui sont ceux des objets du système solaire suffisamment gros pour être en équilibre hydrostatique, et les "petits corps du système solaire" qui rassemblent les autres objets et les comètes. Les satellites des planètes ne sont pas concernés par les nouvelles définitions.
Les observations récentes ont changé notre vision des systèmes planétaires et il est important que la nomenclature des objets reflète notre compréhension actuelle. Ceci s'applique en particulier à la définition d'une "planète" Le mot "planète" désignait initialement les "vagabonds" du ciel, c'est-à-dire les points de lumière qui bougeaient par rapport aux étoiles. Les découvertes récentes nous conduisent à une nouvelle définition correspondant à l'état de nos connaissances.
En conséquence, l'Union astronomique internationale
(UAI) décide de répartir les planètes et
les autres corps de notre Système solaire en trois catégories
de la manière suivante :
1 - Les huit planètes sont : Mercure, Venus, la Terre,
Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.
2 - Une action spécifique sera organisée par l'UAI
pour décider à quelle catégorie, "planète
naine" et/ou autres classes, appartiennent les cas limites.
3 - Ceci inclut la plupart des astéroïdes du système
solaire, la plupart des objets trans-neptuniens (OTN), les comètes
et tous les autres corps.
Conformément à la définition ci-dessus, Pluton est une "planète naine". Il est identifié comme le prototype d'une nouvelle catégorie d'objets trans-neptuniens dont la dénomination reste à définir.
L'acquis important de la résolution adoptée est
le classement en trois catégories des corps du système
solaire.
Les anciennes catégories:
"planètes" (les neuf désignées
comme planètes par l'habitude),
"satellites" (orbitant autour des planètes),
"astéroïdes ou petites planètes"
(les autres cailloux pouvant être sphériques ou
non)
"comètes" (petits corps de glace à
orbites très excentriques)
sont remplacées par:
"planètes" (corps gravitationnellement
dominants et suffisamment massifs pour être en équilibre
hydrostatique)
"satellites" (comme précédemment)
"planètes naines" (corps sphériques
en équilibre hydrostatique ayant une influence gravitationnelle
faible sur leur environnement)
"petits corps du système solaire" (le
reste c'est à dire aussi bien les astéroïdes
non sphériques que les comètes qui sont
parfois difficiles à discerner les uns des autres, certains
astéroïdes étant devenus des comètes...).
La nouvelle définition est donc très différente
(les "petites planètes" disparaissent) et est
plus en accord avec nos
connaissances actuelles. Pour expliquer la nouvelle définition,
il est important de bien voir le côté historique,
histoire de
l'humanité et aussi histoire du système solaire.
Les anciens ont vite noté l'existence de sept "astres
errants" dans le ciel par opposition aux étoiles
fixes (Mercure, Vénus,
Mars, Jupiter et Saturne et aussi le Soleil et la Lune. Ces
astres sont restés les seuls corps du système
solaire connus
pendant des siècles. A partir du XVIIème siècle,
le système de Copernic va changer la donne: les planètes
sont alors au
nombre de six: Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter
et Saturne. La lunette de Galilée va montrer l'existence
de satellites autour de Jupiter et de Saturne mais le nombre
de planètes ne va pas bouger jusqu'à la découverte
d'Uranus, par hasard, en 1781. La mécanique céleste
est suffisamment avancée alors pour que l'on ait une
vue assez bonne du système solaire: le Soleil entouré
de 7 planètes, certaines accompagnées de satellites.
En 1801, la découverte de Cérès entre Mars
et Jupiter laisse penser qu'une huitième planète
vient d'être découverte mais le grand nombre de
petits corps que l'on découvrira au XIXème siècle
fera perdre son statut de planète à Cérès.
Outre les planètes, les satellites et les comètes,
une nouvelle famille de corps apparaît : les astéroïdes.
Lorsque Le Verrier découvre Neptune par le calcul en
1846, on voit tout de suite qu'il s'agit bien d'une huitième
planète, massive, orbitant dans le même plan que
les autres sur une trajectoire quasi circulaire. La recherche
d'une neuvième planète est alors un défi
mais c'est seulement en 1930 que l'on
découvre un nouveau corps lointain (Pluton) que l'on
considèrera comme une neuvième planète
parce qu'on le croit plus massif qu'il n'est et aussi parce
que l'on croit avoir terminé l'inventaire du système
solaire. Pluton sera cependant toujours un peu considéré
à part, son orbite recoupant celle de Neptune, ce qui
ne correspond pas à l'idée que l'on se fait d'une
planète... La découverte d'un corps plus gros
que Pluton en 2003 (2003 UB313) et d'une multitude de "petits
Plutons" et d'autres petits astéroïdes formant
une deuxième ceinture au-delà de Neptune exigeait
de trancher définitivement sur la notion de planète.
Considérons maintenant l'histoire du système
solaire. Bien que la formation du système solaire ne
soit pas encore parfaitement expliquée, on admet qu'il
y a eu formation d'agrégats de grains de poussière,
grossissant peu à peu. A partir d'une certaine masse,
la gravitation établit une équilibre hydrostatique
qui donne une forme sphérique aux gros corps célestes.
L'évolution d'un tel corps n'est cependant pas terminée:
son orbite est encore excentrique et ce seront les multiples
chocs (qui feront encore grossir le corps) qui lui donneront
une orbite quasi circulaire. Le corps sera alors à son
minimum d'énergie (cf. la démonstration du problème
des deux corps) et aura absorbé la plupart des petits
corps de son environnement sauf s'il les confine sur des orbites
stables (satellites, astéroïdes troyens de Jupiter).
C'est dans
cet état final que l'on peut considérer qu'un
corps acquiert son statut de planète. Il n'est pas impossible
qu'une neuvième planète existe au delà
de la deuxième ceinture d'astéroïdes mais
il faut qu'elle ait pu terminer sa formation (les mouvements
sont très lents) et il nous faudra être capables
de l'observer.